Burn out, épuisement professionnel : en sortir ?
Le terme de burnout (burn-out) vient de l’anglais. Il signifie « s’éteindre », par la mise en relation entre le verbe « to burn » (brûler), et la particule « out » (sortir de) qui définissent ainsi une extinction. Ici, il s’agit d’une extinction de la personne, autrement dit : un épuisement, une perte d’énergie. Le terme a été initialement utilisé par la psychologue américaine Christina Maslach en 1978 dans un article intitulé : « Job burnout, how people cope », et il a été ensuite réutilisé en 1980 par le psychanalyste américain J. Freudenberg qui a constaté que le stress professionnel chronique pouvait avoir comme conséquence un épuisement professionnel.
Le burnout est ainsi un syndrome d’épuisement professionnel, consécutif à des situations de stress vécues de façon répétitive et chronique. C’est un processus qui s’établit progressivement et lentement, parfois sur plusieurs années. Il touche la personne à plusieurs niveaux : l’esprit et les capacités de pensée, les émotions et les ressentis, le corps et son fonctionnement. Il impacte donc l’ensemble de la personne, et notamment ses capacités professionnelles.
Si on commence à y être attentif, on voit arriver le burnout avant d’être touché à un point tel qu’on doive aller consulter un médecin. Mais si c’est la première fois qu’on le vit, on ne s’en rend pas toujours compte rapidement.
Précision importante, le burnout peut advenir sans qu’il y ait un conflit : ainsi, mobbing et burnout sont deux choses différentes (le mobbing en revanche implique par définition un conflit).
Dans la plupart des cas le burnout ne mène pas à la dépression, et la personne a le temps de se rendre compte qu’elle en souffre avant de rentrer en dépression. Toutefois un burnout grave peut mener à la dépression, et même à un passage à l’acte suicidaire.
Trois dimensions à surveiller
Trois dimensions caractérisent le burnout :
- La première dimension est un épuisement émotionnel, avec le sentiment d’être vidé de son énergie et de ses ressources émotionnelles, une grande fatigue.
- La seconde dimension est une dimension de dépersonnalisation / déshumanisation ou de cynisme : la personne devient insensible au monde environnant, et sa relation à l’autre se déshumanise. Ainsi, les clients, les patients, les usagers du service deviennent des « numéros » à traiter, indifféremment de leur individualité propre. La vie professionnelle perd petit-à-petit de son sens.
- Une vision négative des autres et du travail se forme, avec le sentiment de ne pas parvenir à répondre correctement aux attentes de l’entourage. La personne se met alors en retrait ; elle déprécie ses résultats (auto-dépréciation) ; et se forme chez elle un sentiment de « non-accomplissement », avec une perte de confiance en soi, et un dégoût du travail peut même se mettre en place.
Signes cliniques (symptômes)
- états d’épuisement, de fatigue permanente et difficile voire impossible à faire partir malgré le repos
- perturbations du sommeil (difficultés à s’endormir, nuits agitées, réveils en cours de nuit)
- problèmes de digestion (mal de ventre)
- troubles musculo-squelettiques (tensions, raideurs et maux de dos qui empêchent de bouger correctement, cou tendu, douleurs lombaires, douleurs articulaires)
- maux de tête (migraines)
- crises de larmes qui paraissent incontrôlables
- irritabilité et susceptibilité accrues dans les relations, crises d’énervement
- problèmes de concentration et de mémoire avec erreurs et oublis plus fréquents
- vulnérabilité aux maladies (par exemple infections à répétition, rhinopharyngites, angines)
- consommation de stimulants accrue (alcool, tabac, médicaments dynamisants)
- auto-médication (anxiolytiques)
- oppressions respiratoires, douleurs inexpliquées (par exemple à la poitrine, au coeur)
- ruminations
- dans les cas avancés, idées noires telles que des idées de suicide (risque de passage à l’acte suicidaire)
Facteurs de risque
Selon Rosemarie Bourgault, psychologue clinicienne et psychothérapeute, il existe plusieurs facteurs de risque qui accentuent la probabilité statistique d’en être affecté. Ces facteurs de risque se situent à plusieurs niveaux : le niveau individuel bien sûr, mais aussi le niveau managérial incluant l’équipe, et en troisième l’organisation du travail au sein de l’entreprise ou de l’établissement dans lequel la personne travaille.
- Au niveau individuel, les personnes impliquées dans leur travail, dévouées, empathiques et enthousiastes, sont souvent touchées par le burnout.
- Au niveau de l’équipe et de son management, la cohésion d’équipe se fragilise souvent à cause d’une négligence de l’aspect social qui se situe au sein des relations de travail. Les managers, pour des raisons de productivité et de rentabilité, accroissent les charges individuelles, et expriment des exigences élevées. Ces exigences favorisent largement la mise en place et l’accroissement d’un stress chronique, d’autant que la sociabilisation est réduite, alors que cette sociabilisation est en fait un facteur qui réduit notablement le stress (cela a été montré par diverses expériences scientifiques).
- Au niveau de l’organisation du travail, on peut facilement imaginer qu’une mauvaise organisation crée des conditions qui handicapent la réalisation du travail : par exemple l’incohérence dans les règles, leur injustice, ou au contraire une absence de règles permettant de se repérer. Ces facteurs participent à la mise en place de conditions de travail dégradées, avec une augmentation des injustices, des pratiques abusives, et des décisions arbitraires, qui affectent sur le long terme les travailleurs.
Des professions plus exposées que d’autres
Certaines professions à responsabilité sont plus victimes de burnout : par exemple, les médecins de campagne ou des hôpitaux, qui sont souvent surchargés de travail. Certains médecins de campagne se sont ainsi récemment mis en disponibilité, dénonçant la difficulté croissante de leur travail. (Voir à ce sujet l’article : Un médecin manchois en burn-out jette l’éponge).
De façon générale, les professions dans lesquelles l’investissement au travail est plus élevé, comme les professions sociales et médico-sociales, dont les humanitaires font partie, subissent d’autant plus les effets délétères des carences organisationnelles.
Selon le Dr Michael Leiter, psychologue, alors que les chercheurs croyaient que le précurseur du burnout chez les personnes œuvrant en relation d’aide, était la difficulté d’une personne à composer avec les exigences émotionnelles élevées du travail, il apparaît désormais que ce n’est pas la dimension émotionnelle du rôle qui soit fragilisante, mais bien la portion administrative du travail qui s’y ajoute, créant parfois une véritable lourdeur. (Source)
On constate aussi un fort taux d’épuisement au travail chez les enseignants. Voir à ce sujet l’article : Le stress du jeune enseignant
Comment se sortir du burnout ?
Lisez notre article « Quelle stratégie adopter pour sortir de l’épuisement au travail (burnout) ? »
Rédaction : Tanguy Bodin-Hullin, psychologue clinicien. (Tous droits réservés).
Dernière mise à jour de l’article : fin juillet 2017.
Articles :
- Un prof sur dix en burn-out dès sa première année d’exercice (article de l’Express)
- Humanitaires : en première ligne du burn out (article sur Youphil, le média de toutes les solidarités)
- Appel pour la reconnaissance du syndrome d’épuisement au tableau des maladies professionnelles (Site du cabinet Technologia)
- Autour de la question burnout : un syndrome difficile à diagnostiquer en psychiatrie où ce terme n’existe pas (article de Rozenn Le Carboulec)