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Comment faire le diagnostic de TDA/H ?

Un diagnostic clinique

On pense parfois qu’il faut faire énormément de démarches et voir plusieurs professionnels pour obtenir le diagnostic de Trouble du Déficit de l’Attention avec/sans Hyperactivité, alors que ce n’est pas le cas.

Tout d’abord, le diagnostic de TDA/H est un diagnostic clinique et médical, ce qui signifie que seul un spécialiste (médecin psychiatre, pédiatre, neuropédiatre, neurologue, neuropsychologue, psychologue clinicien) peut faire le diagnostic.

Ce diagnostic dépend bien sûr des informations que le professionnel obtient de l’enfant, de l’adolescent, ou de l’adulte qu’il reçoit. Mais certains professionnels sont parfois induit en erreur par leur formation théorique spécifique et/ou leur manque d’expérience du TDAH.
Je dirais donc qu’il faut une certaine expérience de la part du professionnel pour « aller chercher » ces informations, mais aussi pour les interpréter.

Notons en tous cas une information importante : le diagnostic du TDA/H est un diagnostic « psychiatrique » classique sur des critères cliniques, et normalement il n’y a pas d’examen neuropsychologique spécifique à faire passer (tel qu’un bilan avec des tests de mesure), sauf s’il y a des besoins spécifiques, ou des hypothèses de comorbidité. Une comorbidité pourrait être, par exemple, d’origine neurodéveloppementale, comme un trouble du spectre de l’autisme (TSA). Les tests neuropsychologiques peuvent permettre d’évaluer le fonctionnement de telle ou telle dimension du trouble (par exemple la capacité mémorielle), mais cela restera un complément d’information.

Pourquoi le diagnostic est-il compliqué à faire ?

Ce qui rend le diagnostic difficile est que la nature même du TDA/H, qui est un trouble neurodéveloppemental, est souvent mal comprise, par manque de formation des professionnels, et que les critères objectifs du TDA/H sont parfois assez flous pour eux.
Sachant qu’un comportement peut avoir plusieurs origines, il peut donc arriver que des observations faites par un clinicien mènent à une conclusion erronée. C’est pour cela qu’il est recommandé aux cliniciens d’utiliser des échelles standardisées, qui vont permettre de sérieusement consolider ses hypothèses diagnostiques. Chez l’adulte, il y a trois échelles qui me paraissent essentielles : ASRS 1.1 (pour le dépistage du TDA/H), DIVA 5.0 (pour étayer le diagnostic), mais aussi la WURS-61 ou WURS-25, auxquelles on peut ajouter, par exemple, les critères d’Hallowell et Ratey (1994), ou l’Inventaire des symptômes du TDAH de la CADDRA (Canadian ADHD Resource Alliance). On pourra également utiliser le très bon formulaire CADDRA d’évaluation du TDAH (11 pages).

Comprendre le fonctionnement du trouble

La nature neurobiologique du trouble doit être bien comprise, et il faut pouvoir également rattacher ces comportements à un fonctionnement général de l’individu. Donc, au delà de remplir des cases de critère diagnostic (même si cela reste indispensable), il faut également pour ne pas se tromper (et donc éviter de faire du sur-diagnostic ou du sous-diagnostic), faire une « quasi-enquête de police » pour tenter d’aller chercher l’origine ou l’explication des comportements.

Par exemple, si on ne comprend pas le fonctionnement neurobiologique du TDA/H (par exemple la question du « verrou dopaminergique »), il devient difficile d’associer un comportement à l’origine neurobiologique du TDA/H ! Le professionnel peut certes observer un comportement, mais il risque de ne pas voir que ce comportement est dû au TDA/H, et il risque de l’expliquer autrement, parce qu’un comportement peut avoir de très nombreuses origines différentes !

Par exemple : un patient jeune adulte, auquel j’avais déjà fait passer des échelles (ASRS et WURS), et pour lequel j’avais une forte suspicion de TDA/H, me rapporte qu’il a fumé pendant longtemps, et depuis deux ans il est passé à la cigarette électronique. Jusque-là, rien de bien intéressant en apparence. Toutefois, il est connu scientifiquement qu’il existe une probabilité élevée de comorbidité addictive dans le TDA/H, je lui pose donc quelques questions exploratoires supplémentaires :

1 – Les circonstances dans lesquelles il fume en général.
2 – S’il a déjà essayé de fumer autre chose que du tabac.
3 – Comment s’est passée pour lui la transition entre la cigarette « classique » et la cigarette électronique.

Concernant les circonstances dans lesquelles il fume, il me rapporte qu’il fume beaucoup en travaillant, parce que cela l’aide à être concentré, et que cela l’aide à mobiliser ses ressources pour aboutir à des conclusions. Il n’y a pas besoin d’être sorcier pour voir là l’effet de la nicotine, encore faut-il aussi faire le lien entre nicotine et dopamine qui est que la nicotine augmente le taux de dopamine dans la fente synaptique (espace de transmission chimique entre les extrémités dendritiques des neurones) ! Mais cela est valable pour n’importe qui, et pas seulement des personnes atteintes du TDA/H..

Concernant d’autres « drogues », il m’explique avoir essayé le cannabis, mais il a vite arrêté, parce que même si ça le stimulait au début, le cannabis le mettait ensuite dans un état « mou et confus » qui l’empêchait de pouvoir se focaliser sur une idée. Là encore, pas de conclusion possible, si ce n’est que le patient n’aimait pas perdre le contrôle de sa pensée.

Troisième question : Comment s’est passée la transition entre la cigarette classique et la cigarette électronique ? Là, il m’explique que pendant 6 mois, il a arrêté totalement de fumer, et que cela a généré chez lui divers symptômes : forte agitation et fébrilité interne, difficulté à canaliser ses pensées, besoin d’aller se défouler à un tel point qu’il lui fallait fréquemment sortir de chez lui pour aller courir, et forte augmentation de sa libido, devenue « démesurée, ce qui devenait problématique en société« . Il a donc commencé à prendre des chewing-gums à la nicotine, et là les problèmes se sont résorbés partiellement, puis complètement par la suite avec le démarrage de la cigarette électronique.

On observe dans cette vignette que lors de l’arrêt de la nicotine, des symptômes proches de la dimension impulsivité sont soudain apparus de façon forte. Quand à la libido, sans être un spécialiste, celle-ci est aussi fortement influencée par les questions dopaminergiques. Le manque de dopamine de ce patient, qui est particulièrement problématique dans le TDA/H, était donc comblé partiellement par la compensation nicotinique.

Le patient me parle ensuite de la cigarette comme d’un « jalon », un marqueur du temps, qui lui permettait de rythmer sa pensée, mais aussi de la concrétiser en lui facilitant les prises de décisions dans son travail professionnel.

Diminuer le risque d’erreur diagnostique

Interroger uniquement le patient est insuffisant : il faut, avec l’accord du patient, essayer d’avoir les observations et ressentis de l’entourage et essayer de croiser les informations pour diminuer le risque d’erreur diagnostique. Il est donc important de multiplier les sources d’information :
1) Demander au patient de passer les échelles conjointement avec ses parents.
2) Si possible, rencontrer les proches : le conjoint, les parents, parfois les enfants (si le patient est adulte et âgé et qu’il a des enfants en âge d’expliquer les choses), ou d’autres proches du patient qui le connaissent depuis très longtemps.
3) récupérer des données écrites : notamment des bulletins scolaires (que le patient soit petit ou grand), ou bien, pour un petit enfant, récupérer des courriers de la maîtresse, par exemple.

Conclusion

En conclusion, il faut essayer de croiser toutes les informations possibles pour :
1) s’assurer que tous les critères diagnostics purement comportementaux et émotionnels sont présents.
2) s’assurer que l’on peut attribuer ces comportements au fonctionnement du TDA/H
3) s’assurer que l’entourage de ce patient nous donne des éléments qui « collent » avec le fonctionnement du patient depuis très longtemps (et non pas depuis 15 jours, lorsqu’un événement particulier est arrivé dans sa vie, par exemple).

Première version : octobre 2020 – Mise à jour : 18 décembre 2022

SOURCE : Vidéo Youtube « Comment se fait le diagnostic de TDAH ? » , par le Docteur Jean-Baptiste Alexanian

Fonctionnement du TDA/H et apport de la médication

Le zoom de l’appareil photo et le « zoom attentionnel » de l’humain

  • Observons le fonctionnement du zoom d’un appareil photo : Le même appareil peut permettre de regarder les choses de façon très nette de près, ou bien de voir les choses de loin et donc avec plus d’objets (ou de motifs) dans la photo, mais sensiblement moins de précision sur les détails.
  • De façon similaire, chaque être humain est muni d’une fonction de « Zoom attentionnel » :
    • Lorsque le zoom est au maximum, la personne est focalisée, et hyperconcentrée sur une tâche.
    • Lorsque la personne « dézoome », elle peut réaliser (se rendre compte) qu’une autre tâche est possible, et elle peut alors basculer sur cette seconde tâche, ou sur une troisième.
    • Puis elle peut « rezoomer » et se focaliser à nouveau sur une autre tâche, ou bien revenir à la première.
  • Il y a des personnes qui ont une facilité à se concentrer et à ne pas être distrait par des stimuli extérieurs, et d’autres personnes qui ont moins cette facilité. Cette capacité est donc située sur un « continuum ». On peut imaginer que pour chacun(e), le curseur se déplace sur ce continuum, comme lorsqu’on règle le zoom d’un appareil photo.
  • Pour simplifier, on peut imaginer que le diagnostic de TDA/H se situe à l’extrême de ce continuum : la personne a du mal à se concentrer, à se focaliser, et son attention passe trop facilement d’une tâche à l’autre, d’un sujet à l’autre. On constate d’ailleurs chez ces personnes une forme de capacité à être « multitâches ». Cette capacité est intéressante, mais parfois elle se fait au détriment d’une réalisation précise des tâches.
  • Il y a des personnes qui ont certains symptômes du TDA/H sans pour autant que l’on puisse leur attribuer la présence d’un « TDA/H », c’est-à-dire qu’il n’auront pas ce diagnostic car l’ensemble de leurs troubles sera considéré comme « insuffisant » par rapport à la norme.
    • Par exemple, une personne peut avoir des troubles de la concentration, mais ce ne sera pas suffisant pour pouvoir la diagnostiquer comme « TDA/H ».

Le verrou dopaminergique : une clé de compréhension du TDA

  • Selon le Dr Jean-Baptiste Alexanian, le TDA/H porte mal son nom, parce qu’il est circonstanciel : il dépend de circonstances, et notamment du « verrou dopaminergique ».
  • Lorsqu’il n’y a pas de plaisir, le verrou est fermé, et il y a alors une augmentation de l’impulsivité, et une augmentation de la distractivité.
  • A contrario, lorsque le verrou est ouvert, il y a beaucoup plus de capacités attentionnelles.
    • Pour que le verrou soit ouvert, il faut qu’il y ait :
      • du plaisir
      • pas de stress
  • Chaque individu souffre donc de ce trouble en fonction de son propre plaisir et ses propres envies, c’est-à-dire que là où il n’y a pas de plaisir, il y aura des troubles attentionnels.
    • Donc, par exemple : si on prend deux individus ayant un TDAH, et qu’on les place dans une même circonstance, il se peut qu’ils réagissent de façon très différente : celui qui aura peu de plaisir dans cette circonstance (verrou fermé) verra son trouble se manifester, tandis que pour l’autre qui aura du plaisir à être dans cette circonstance (verrou ouvert), le trouble ne se manifestera pas !!

Le méthylphénidate

  • Le méthylphénidate est le traitement recommandé dans le traitement du TDA/H. C’est un médicament de la famille des psychostimulants (comme les amphétamines).
  • Le méthylphénidate agit pendant quelques heures, puis son action disparaît rapidement.
  • Son action se situe sur les niveaux de dopamine notamment dans le striatum : il permet de conserver un niveau de dopamine plus important entre les neurones, ce qui facilite le passage de l’information.
  • Si on reprend la métaphore du verrou dopaminergique, le méthylphénidate permet de « balancer » les niveaux de dopamine, et il permet d’ouvrir le verrou.
  • Cela va permettre à la personne d’anticiper une récompense et un plaisir plus important que ce qu’elle aurait eu sans traitement : sans le traitement, la personne n’aurait pas eu envie, et ça n’aurait pas été pour elle.
  • La personne va pouvoir faire plus de choses, y compris des choses qui ne l’intéressent pas, parce que son cerveau va mieux contrebalancer.
  • Par exemple : à l’école, il y a une partie importante d’enfants avec un TDAH qui ne trouvent pas de plaisir à apprendre certaines choses, parce que ça ne les stimule pas assez, ou parce que ce n’est pas expliqué de la manière dont ils aimeraient que ce soit, ce qui fait qu’il n’y a pas de « génération de plaisir » : dans ces situations, le verrou dopaminergique est fermé ; ils sont distraits, impulsifs, ils n’arrivent pas à se concentrer.
  • Le traitement leur permet d’être plus attentifs, un peu moins distractibles, un peu moins impulsifs, donc un peu plus concentrés, et cela leur permet de favoriser les apprentissages, mais aussi le contrôle émotionnel.
  • Autrement dit : Chez les personnes ayant un TDA/H , un problème est qu’en l’absence de plaisir, ou sous stress, le verrou dopaminergique est fermé, et la personne est moins capable que les autres d’anticiper quelque chose de positif de ce qu’elle va faire. Le seuil de plaisir n’est pas atteint.

Avec le traitement, il y a un rééquilibrage de la balance entre contrainte et plaisir, et cela permet alors de faire des choses qui sont parfois très importantes, comme par exemple la scolarité.

Conclusion sur l’apport de la médication dans le TDA/H

  • Le traitement au méthylphénidate est EFFICACE, parce qu’il ouvre le verrou dopaminergique et qu’il améliore le fonctionnement des fonctions exécutives : Cela permet à la personne d’être plus « centrée » et donc d’obtenir un gain de focalisation, de concentration, et un moindre « éparpillement » dans ce qu’elle fait. De plus, les idées négatives sont mieux contrôlées par le cerveau, qui « trie » mieux les idées, cela permet une meilleure protection contre l’anxiété, la déprime (voire même la dysthymie qui est une forme de dépression chronique) très présente chez les personnes ayant un TDA/H.
  • La psychothérapie peut se greffer par-dessus la médication, de manière à permettre la mise en place de stratégies, et pouvoir ainsi augmenter la capacité de la personne à réussir ses actions.
  • Pour rappel, les psychostimulants :
    • comprennent les produits à base de méthylphénidate (Ritalin, Biphentin, Concerta)
    • et les produits dérivés des amphétamines (Adderall, Vyvanse)
  • Les psychostimulants ont démontré leur efficacité, qui dure quelques heures.
  • Cependant, certaines personnes ne répondent pas beaucoup aux psychostimulants. Ces personnes peuvent se voir prescrire des non-stimulants : un antidépresseur (Strattera), un antihypertenseur (Intuniv) ou un antipsychotique.
  • Enfin, il est possible d’adopter un double traitement, un composé de stimulants et de non-stimulants. Cela peut être très efficace.

Dernière Mise à jour : 13 décembre 2020

Le Trouble Déficitaire de l’Attention (TDA/H) : un trouble dysfonctionnel.

Petite introduction au TDA/H : les choses à savoir

  • Le sigle TDA signifie : « Trouble Déficitaire de l’Attention« , mais on pourrait aussi le traduire par « Trouble Dysfonctionnel de l’Attention« .
  • Au sein de ce trouble, il peut y avoir une modification de l’impulsivité, sur différents plans : moteur, cognitif et verbal. Chez les enfants, l’impulsivité se traduit en général par de l’hyperactivité avec beaucoup d’impulsivité motrice. On parlera alors de Trouble déficitaire de l’Attention avec hyperactivité (TDAH).
  • L’impulsivité verbale se manifestera par une tendance à parler plus facilement et avec une vivacité.
  • L’impulsivité cognitive se manifeste par des idées qui s’enchaînent rapidement les unes les autres, avec un certain foisonnement.
  • En général, on utilise le sigle TDA/H où la lettre H est précédée d’un slash (barre oblique) ce qui signifie AVEC OU SANS hyperactivité.

Un trouble principalement génétique, mais aussi lié à l’environnement de vie.

Plusieurs publications et sites internet consacrés au TDA/H avancent que la science aurait réussi à cerner avec exactitude les causes génétiques et neurologiques des symptômes. D’après les Lignes directrices canadiennes sur le TDAH, c’est une « condition neurobiologique avec une forte étiologie génétique » (CADDRA, 2014, p. 3.1).

  • Trouble génétique ? Cela signifie que le TDA/H résulte essentiellement de l’expression des gènes, qui est à l’origine de la neurobiologie.  Le TDA/H est donc un « désordre » neurobiologique résultant de la génétique.
  • Le TDA/H est essentiellement génétique, mais il peut être aggravé par des facteurs psycho-sociaux, notamment par l’environnement familial de l’enfant lorsqu’il est en bas âge.

Qu’est-ce qui est touché ?

  • Le cerveau d’une personne humaine est pourvu de fonctions que l’on appelle les fonctions exécutives. C’est le développement de ces fonctions qui est touché, ce qui les empêche de fonctionner facilement, c’est pourquoi il est préférable de parler de « trouble dysfonctionnel«  plutôt que de « trouble déficitaire » (bien que ce soit ce second terme qui a été choisi dans les nomenclatures psychiatrique du DSM-4 et du DSM-5).
  • Que sont les fonctions exécutives ?
    • Ce sont des capacités du cerveau (cognitives) permettant de gérer et d’orchestrer un certain nombre de fonctions cognitives permettant de s’adapter à l’environnement.
  • Celles qui sont altérées dans le TDA/H sont les suivantes :
    • Organisation, priorisation et initiation d’une tâche
    • Focalisation, maintien et déplacement de l’attention sur les tâches
    • Régulation de la vigilance, maintien de l’effort et ajustement de la vitesse de traitement
    • Gestion de la frustration et modulation des émotions
    • Utilisation de la mémoire « de travail » (rappel des informations stockées en mémoire et utilisation de ces informations pour les traiter simultanément)
    • Monitorage et régulation des actions
  • Dans le cerveau, ces fonctions sont en partie gérées grâce à la balance de trois neurotransmetteurs spécifiques : la dopamine, la noradrénaline, et la sérotonine.
  • Chez la personne qui a un TDA/H, cette neurobiologie n’est pas totalement « cassée » mais elle est relativement dysfonctionnelle. On pourrait parler de réglages internes. (Voir à ce sujet l’article sur le verrou dopaminergique)

Conséquences du dysfonctionnement : les symptômes

  • Ce dysfonctionnement des fonctions exécutives est à la source de divers problèmes souvent très handicapants pour la personne :
    • des fluctuations fréquentes et courtes dans l’énergie : impulsivité
    • des variations dans les émotions et l’humeur : une forme d’hypersensibilité.
    • des difficultés de motivation à exécuter certaines tâches
    • des difficultés à garder le focus / l’attention sur un sujet ou une tâche donnée (distractivité)
    • Cela entraîne des difficultés d’organisation, elles-même se traduisant souvent par de la procrastination
    • des problèmes pour apprendre, se concentrer.
    • des problèmes émotionnels (le cerveau ne gère pas suffisamment correctement les informations négatives et n’arrive pas à les « neutraliser » par des informations positives)
    • tout un ensemble d’autres symptômes plus ou moins présents selon les personnes.

  • Ces difficultés peuvent être à la source de conflits parfois importants dans les rapports humains avec des proches. Aux Etats-Unis, selon les Centres de contrôle et de prévention des maladies, 14 % des personnes ayant reçu un diagnostic de TDA/H éprouveraient des symptômes sévères qui peuvent bouleverser leur vie et celle de leur famille, et entraîner des souffrances considérables.

Les troubles fréquemment associés (comorbidités)

  • Le TDA/H est très souvent associé à une comorbidité psychiatrique :
    • Chez l’enfant, des troubles oppositionnels et des conduites, avec parfois de la provocation (le fameux TOP : « Trouble Oppositionnel avec Provocation »). On peut aussi retrouver une certaine opposition chez l’adulte, mais pas toujours.
    • des troubles des apprentissages qui impactent la vie entière du sujet.
    • des troubles anxieux :
      • chez les adultes atteints de TDAH, les troubles anxieux varient de 27,9 % à 47,1 % (Kessler et al., 2005)
    • des troubles dépressifs :
      • chez les adultes atteints de TDAH, le taux de dépression est d’environ 31 %, contre 17% dans la population générale. (Kessler et al.,2006)
    • des troubles de l’humeur comme par exemple la cyclothymie.
    • des troubles « psychiatriques » comme les troubles bipolaires : 20 à 30% des adultes atteints de TDA/H souffrent de troubles bipolaires
  • Le TDA/H peut également être associé à d’autres troubles neurodéveloppementaux, comme par exemple un Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA)
  • La présence d’un TDA/H constitue un facteur de risque pour l’abus et la dépendance aux substances psychoactives : par exemple, la consommation de cannabis ou d’alcool, parce que des personnes tentent de s’échapper de leur anxiété et de se sentir mieux au travers de ces consommations.
  • La présence d’un TDA/H impacte généralement toutes les dimensions de la vie d’une personne : son développement, sa scolarité et ses études, sa vie professionnelle, et ses relations sociales et familiales, souvent avec des conséquences psychologiques négatives importantes (trouble de l’humeur, faible estime de soi, manque de confiance en ses capacités, dépression, conflits relationnels).

Comment se fait le diagnostic de TDA/H ?

  • Le TDA/H est un trouble un peu délicat à appréhender, parce qu’il faut avoir des connaissances sur ce qu’il génère chez une personne pour faire le rapprochement. Il faut également connaître les autres pathologies qui peuvent compliquer le diagnostic.
  • Le diagnostic du TDA/H est « clinique« , c’est-à-dire qu’il peut être fait à partir de l’observation des symptômes par le professionnel (psychologue clinicien, neuropsychologue, ou psychiatre), puis en posant un certain nombre de questions standardisées et que l’on trouve dans certains tests spécifiques.
  • Toutefois, et c’est une erreur communément répandue, il n’y a pas besoin de faire un bilan neuropsychologique long et compliqué pour l’obtenir :
    • Les 6 questions du questionnaire ASRS 1.1 (fourni par l’OMS) suffisent pour un dépistage du trouble !!
  • En complément, le questionnaire DIVA 2 est un outil intéressant, parce qu’il est très complet, donne des exemples, et parce qu’il constitue aussi un outil de psycho-éducation pour la personne qui le passe.
  • On complète toujours le diagnostic par le point de vue de l’entourage du patient, pour avoir des éléments sur les manifestations du TDA/H pendant la jeunesse du patient.

Pour aller plus loin dans la compréhension du TDA/H

  • Vous trouverez sur ce site quelques articles essentiels pour comprendre le TDA/H :
    • Une clé de compréhension : le zoom attentionnel de l’humain
    • Le verrou dopaminergique : la clé de la manifestation du TDA/H
    • Le méthylphénidate : une possibilité de traitement
    • Les stratégies thérapeutiques possibles face au TDA/H

Ecriture : 13 décembre 2020 – Dernière Mise à jour : 7 novembre 2022

Quelle stratégie adopter pour sortir de l’épuisement au travail (burnout) ?

Quelle(s) stratégie(s) adopter pour survivre au burnout ?

Cet article fait suite à l’article d’introduction à la question du burnout.

De nombreuses recherches ont été faites qui ont permis de définir des stratégies et techniques à mettre en oeuvre pour faire face à une situation d’épuisement au travail (burnout).

L’objectif étant de retrouver petit-à-petit une énergie de vie et un abord positif du travail. Cela peut prendre du temps, mais il y a des moyens permettant de faire face.

Dans toutes les situations de surcharge et d’épuisement, la personne qui souffre a déployé des efforts pour gérer les exigences auxquelles elle est confrontée. Cet effort est ce qu’on appelle le coping.

Le coping est défini comme l’ensemble des efforts cognitifs et comportementaux déployés par l’individu pour gérer des exigences spécifiques qui sont évaluées par la personne comme trop importantes par rapport à ses ressources.

Mais lorsque l’épuisement survient, c’est justement que le coping n’est pas suffisant, pas suffisamment efficace, et dans ce cas, la rencontre avec un professionnel de la santé mentale va être une étape importante dans le chemin pour s’en sortir. Comme dit le dicton : « personne n’est parfait », et en situation de fragilité, il est très important d’accepter de demander de l’aide à des tiers, et de ne pas rester seul dans son coin.

Avec l’aide du psychothérapeute, il sera possible de mettre en place un travail à différents niveaux : un travail cognitif sur les pensées négatives, de façon à lutter contre ces idées noires, mais aussi tout un ensemble de « stratégies de coping » de différentes natures, permettant de réduire le stress et de retrouver progressivement énergie et équilibre émotionnel.

Cette rencontre s’étale sur plusieurs séances, de manière à permettre à la personne d’approfondir sa réflexion et d’ajuster progressivement et petit-à-petit les moyens qu’elle met en place.

Les stratégies de coping

Les stratégies de coping correspondent aux diverses façons par lesquelles la personne ajuste ses comportements, idées et émotions pour faire face à la situation dans laquelle elle se trouve.

On distingue trois types de stratégies de coping :

  1. stratégies centrées sur le problème
  2. stratégies centrées sur les émotions
  3. stratégies centrées sur le soutien social

Le coping centré sur le problème

Dans le coping centré sur le problème, il sera possible de redéfinir l’organisation personnelle et modifier les conditions de travail, à condition toutefois que la situation soit contrôlable :

  • réduire les exigences de la situation : par exemple ; revoir les objectifs, réduire le nombre de rendez-vous, déléguer une partie du travail,  réduire le nombre d’heures travaillées.
  • augmenter les ressources : par exemple, obtenir un soutien humain supplémentaire pour faire baisser la quantité de travail. (c’est-à-dire en se faisant aider ponctuellement par un collègue ou par un intervenant extérieur, ou à plus long terme en demandant l’embauche d’un(e) assistant(e)…).

De façon comportementale, il est possible pour la personne de travailler conjointement avec le psychologue, afin de définir des tâches permettant de rééquilibrer les différents aspects de la vie, chacun étant en lien avec un contexte particulier de la vie de la personne :

  • En identifiant les mauvaises stratégies, qui sont dysfonctionnelles, par exemple les stratégies d’évitement, qui ne permettent pas de faire évoluer la situation, voire qui la dégradent. Par exemple, la consommation de substances psychoactives (café, sodas excitants, alcool, médicaments, voire drogues). Une mauvaise stratégie est aussi de penser que l’on peut y arriver seul…
  • En utilisant des stratégies centrées sur le bien-être : se créer de l’espace pour souffler/se reposer, par exemple ; faire un break de quelque temps, aménager des pauses plus régulièrement, ne plus prendre ses repas de façon expéditive..
  • En mettant en place des techniques variées permettant d’améliorer l’hygiène de vie : par exemple, pratiquer un sport qui permet de ressentir son corps et de retrouver du plaisir, pratiquer la relaxation et/ou faire de la gymnastique, améliorer son alimentation et essayer de renouer avec un sommeil réparateur.
  • En ouvrant ou en développant un espace de créativité permettant de redonner goût à la vie et retrouver du plaisir, par exemple la (re)découverte d’un art, le théâtre, les activités manuelles telles que le jardinage.

Le coping centré sur les émotions

Dans le coping centré sur les émotions, il s’agit de modifier notre état interne, au travers de nos propres ressources, et de notre pensée.
Autrement dit : réguler nos tensions émotionnelles induites par la situation. Par exemple : « Je constate que je suis stressé : comment puis-je réduire mon état de tension, comment me calmer face à ce stress ?« . Il s’agit donc d’utiliser des ressources cognitives pour modifier nos représentations du problème, et reprendre une certaine distance, un certain contrôle sur les émotions, en révisant ses aspirations, ses priorités, ses valeurs :

  • Nourrir des exigences et des attentes réalistes. Un exemple ; le lâcher-prise : « je vais accepter qu’il y ait des imperfections dans mon travail, au lieu de vouloir le faire à tout prix de façon parfaite, parce que finalement cela me bloque et me stresse« .
  • Relativiser l’importance d’un problème, dédramatiser ses conséquences.
  • Choisir ses batailles et cesser de vouloir modifier une situation sur laquelle on n’a pas de pouvoir.

Le coping centré sur le lien social

Dans le coping centré sur le soutien social, il s’agit d’obtenir la sympathie et l’aide d’autrui, et de renouer avec des espaces de parole : par exemple ; se rapprocher de certains collègues, renouer avec la socialisation auprès d’amis ou de pairs, partager des activités de loisirs avec d’autres, participer à un groupe de parole.

Dans l’ensemble, la mise en place des stratégies de coping s’apprend. La personne qui souffre de burnout sera donc largement bénéficiaire si elle accepte d’être suivie par un professionnel qui lui permettra d’effectuer cet apprentissage. Penser que l’on peut mettre soi-même en place certains de ces rééquilibrages et que de cette manière on y arrivera seul n’est une stratégie solide. Il est donc absolument nécessaire de se faire aider, de veiller à s’appuyer sur les autres (personnes-ressources), et mettre de côté l’idée qu’on y arrivera tout seul.

 

Rédaction : Tanguy Bodin-Hullin, psychologue clinicien. (Tous droits réservés).
Dernière mise à jour de l’article : fin juillet 2017.

 

Lien et références :

Evaluation clinique du burnout et des stratégies de coping :

Soutien psychologique pour les couples – Paris

Entamer une démarche psychothérapique en couple ?

Suite à des difficultés vécues au sein de la communication et de la vie intime de votre couple, vous ressentez le besoin d’un espace tiers à partir duquel vous espérez pouvoir renouer un dialogue et une compréhension mutuelle.

Vous pensez qu’un psychologue pourrait peut-être vous apporter un soutien à ce niveau, et vous vous posez la question d’entamer une démarche en ce sens.

Ces questions sont importantes, et beaucoup de couples attendent parfois que les choses s’enveniment pour aller consulter. Aussi est-il parfois utile d’anticiper un peu pour éviter justement ces situations : pourquoi vouloir attendre le dernier moment, et en arriver à des extrêmes ?

Le principal objectif d’un accompagnement psychologique de couple est de permettre à chacun de retrouver un bien-être et un équilibre personnel.

Cela passe par un chemin qui est parfois difficile, mais toujours riche en enseignements :

  • Améliorer la communication
    • Communiquer de manière constructive, en évitant la condamnation réciproque
    • Mettre en mots des difficultés, clarifier les malentendus
    • Mieux comprendre et écouter votre partenaire / conjoint(e)
  • Améliorer les comportements
    • Pouvoir changer certaines habitudes ancrées du quotidien, se défaire de l’attente passive que l’autre change.
    • Se défaire des conflits larvés et répétitifs, qui divisent et ne permettent pas de résoudre réellement les différents.
    • Mieux se comprendre pour mieux réagir
    • Obtenir un meilleur équilibre sexuel, une meilleure satisfaction à ce niveau.
  • Réussir à aborder tous les sujets
    • Aborder les questions qui fâchent
    • Pouvoir évoquer des problèmes impossibles à dire à l’autre, comme par exemple des erreurs que l’on a pu faire et qui portent parfois la marque de la culpabilité.
    • Mieux aborder les questions de sexualité
    • Réussir à trouver un équilibre sur la gestion de l’argent
  • Eviter les pièges du couple :
    • comprendre pourquoi les conflits apparaissent dans votre couple
    • Apprendre à repérer les départs de crise, comment les conflits apparaissent
    • Apprendre à désactiver la surenchère des arguments, et ce qui « enrichit » les conflits

Parfois, la thérapie permet à chacun de retrouver une place dans le couple amoureux. Elle permet de changer la dynamique du couple, et à chacun de retrouver un équilibre avec une réciprocité de désir, avec des échanges plus harmonieux. Que ne gagne t-on pas à transformer l’autre en allié et non en opposant, à retrouver un dialogue respectueux et à pouvoir s’enrichir de sa différence !

A contrario et dans certains cas, la thérapie peut aussi permettre de prendre conscience d’une émancipation devenue nécessaire par rapport à des attentes de chacun trop différentes, ou des divergences fondamentales sur les valeurs. Cette réflexion accompagnée, médiatisée, permet alors à chacun de prendre un autre chemin de vie plus adapté à lui-même, tout en acceptant de traverser l’étape parfois angoissante de la séparation. Prendre une décision mûrie, en vue d’un renouveau constructeur, et en acceptant d’abandonner un lien devenu parfois destructeur.

Au final, quelle qu’en soit l’issue, ce travail – qui doit être fait avec délicatesse – permet toujours d’avancer vers soi-même et sa propre identité, mais aussi de grandir dans l’altérité, à savoir dans la reconnaissance de la différence de l’autre. C’est en renforçant cette dialectique entre identité et altérité, qu’il devient alors vecteur de maturité relationnelle.

couple image

Couple, par Henri Galland

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Pourquoi aller voir un « psy » ?

Peut-être vivez-vous en ce moment ou depuis un certain temps des difficultés personnelles, et vous avez commencé à vous mettre à la recherche d’un « psy », un professionnel de l’écoute et de la relation, pour vous permettre de vous sortir de l’ornière dans laquelle vous avez l’impression d’être.

Voici quelques bonnes raisons pour lesquelles consulter un psychologue :

  • vous pensez beaucoup et vous n’êtes pas serein(e)
  • vous dormez mal et/ou avez du mal à vous endormir
  • vous faites des cauchemars
  • vous vous sentez fréquemment fatigué(e), vous n’avez plus trop d’énergie
  • vous êtes angoissé(e), ou anxieux(se)
  • vous avez vécu une situation violente qui vous a marqué
  • vous souffrez de la perte de quelqu’un
  • vous êtes stressé(e) dans votre vie actuelle
  • vous vivez des difficultés au travail qui augmentent votre stress
  • vous avez des problèmes dans votre couple
  • vous vivez en situation de conflit avec certaines personnes de votre entourage
  • vous avez l’impression d’avoir été manipulé(e) et vous en souffrez
  • vous vous sentez seul(e), vous êtes isolé(e)
  • vous sentez que vous avez perdu le plaisir de vivre
  • vous avez des peurs peu rationnelles
  • vous vous sentez assiégé(e)
  • vous ressentez un mal-être général, un marasme
  • vous ne vous sentez pas à votre place
  • vous ne supportez pas le regard des autres
  • certaines situations « normales » vous posent problème, comme parler au téléphone
  • vous pensez que vous n’allez pas bien mais vous n’arrivez pas à demander de l’aide
  • un médecin ou un psychiatre vous a prescrit des médicaments psychotropes mais sans aucune proposition de psychothérapie !
  • vous avez des difficultés avec l’alcool ou les drogues
  • vous êtes très dépendant d’une personne en particulier et cela vous pose problème
  • vous avez du mal à passer à l’action pour résoudre vos problèmes

Une seule de ces raisons est suffisante pour aller consulter…

Pourquoi irais-je consulter ?

Voir un psychologue va vous permettre de prendre un peu de temps dédié à vous-même, pour vous poser en confiance, parler de vos difficultés, et ainsi, petit-à-petit, trouver une voie personnelle afin de retrouver un mieux-être.

Vous ne voyez peut-être pas trop d’issue pour le moment, mais vous verrez que cela peut se faire, oui, et surtout avec vos mots à vous.

Nuage de mots symptôme

Nuage de mots qui correspondent à des symptômes