Petite introduction au TDA/H : les choses à savoir
- Le sigle TDA signifie : « Trouble Déficitaire de l’Attention« , mais on pourrait aussi le traduire par « Trouble Dysfonctionnel de l’Attention« .
- Au sein de ce trouble, il peut y avoir une modification de l’impulsivité, sur différents plans : moteur, cognitif et verbal. Chez les enfants, l’impulsivité se traduit en général par de l’hyperactivité avec beaucoup d’impulsivité motrice. On parlera alors de Trouble déficitaire de l’Attention avec hyperactivité (TDAH).
- L’impulsivité verbale se manifestera par une tendance à parler plus facilement et avec une vivacité.
- L’impulsivité cognitive se manifeste par des idées qui s’enchaînent rapidement les unes les autres, avec un certain foisonnement.
- En général, on utilise le sigle TDA/H où la lettre H est précédée d’un slash (barre oblique) ce qui signifie AVEC OU SANS hyperactivité.
Un trouble principalement génétique, mais aussi lié à l’environnement de vie.
Plusieurs publications et sites internet consacrés au TDA/H avancent que la science aurait réussi à cerner avec exactitude les causes génétiques et neurologiques des symptômes. D’après les Lignes directrices canadiennes sur le TDAH, c’est une « condition neurobiologique avec une forte étiologie génétique » (CADDRA, 2014, p. 3.1).
- Trouble génétique ? Cela signifie que le TDA/H résulte essentiellement de l’expression des gènes, qui est à l’origine de la neurobiologie. Le TDA/H est donc un « désordre » neurobiologique résultant de la génétique.
- Le TDA/H est essentiellement génétique, mais il peut être aggravé par des facteurs psycho-sociaux, notamment par l’environnement familial de l’enfant lorsqu’il est en bas âge.
Qu’est-ce qui est touché ?
- Le cerveau d’une personne humaine est pourvu de fonctions que l’on appelle les fonctions exécutives. C’est le développement de ces fonctions qui est touché, ce qui les empêche de fonctionner facilement, c’est pourquoi il est préférable de parler de « trouble dysfonctionnel« plutôt que de « trouble déficitaire » (bien que ce soit ce second terme qui a été choisi dans les nomenclatures psychiatrique du DSM-4 et du DSM-5).
- Que sont les fonctions exécutives ?
- Ce sont des capacités du cerveau (cognitives) permettant de gérer et d’orchestrer un certain nombre de fonctions cognitives permettant de s’adapter à l’environnement.
- Celles qui sont altérées dans le TDA/H sont les suivantes :
- Organisation, priorisation et initiation d’une tâche
- Focalisation, maintien et déplacement de l’attention sur les tâches
- Régulation de la vigilance, maintien de l’effort et ajustement de la vitesse de traitement
- Gestion de la frustration et modulation des émotions
- Utilisation de la mémoire « de travail » (rappel des informations stockées en mémoire et utilisation de ces informations pour les traiter simultanément)
- Monitorage et régulation des actions
- Dans le cerveau, ces fonctions sont en partie gérées grâce à la balance de trois neurotransmetteurs spécifiques : la dopamine, la noradrénaline, et la sérotonine.
- Chez la personne qui a un TDA/H, cette neurobiologie n’est pas totalement « cassée » mais elle est relativement dysfonctionnelle. On pourrait parler de réglages internes. (Voir à ce sujet l’article sur le verrou dopaminergique)
Conséquences du dysfonctionnement : les symptômes
- Ce dysfonctionnement des fonctions exécutives est à la source de divers problèmes souvent très handicapants pour la personne :
- des fluctuations fréquentes et courtes dans l’énergie : impulsivité
- des variations dans les émotions et l’humeur : une forme d’hypersensibilité.
- des difficultés de motivation à exécuter certaines tâches
- des difficultés à garder le focus / l’attention sur un sujet ou une tâche donnée (distractivité)
- Cela entraîne des difficultés d’organisation, elles-même se traduisant souvent par de la procrastination
- des problèmes pour apprendre, se concentrer.
- des problèmes émotionnels (le cerveau ne gère pas suffisamment correctement les informations négatives et n’arrive pas à les « neutraliser » par des informations positives)
- tout un ensemble d’autres symptômes plus ou moins présents selon les personnes.
- Ces difficultés peuvent être à la source de conflits parfois importants dans les rapports humains avec des proches. Aux Etats-Unis, selon les Centres de contrôle et de prévention des maladies, 14 % des personnes ayant reçu un diagnostic de TDA/H éprouveraient des symptômes sévères qui peuvent bouleverser leur vie et celle de leur famille, et entraîner des souffrances considérables.
Les troubles fréquemment associés (comorbidités)
- Le TDA/H est très souvent associé à une comorbidité psychiatrique :
- Chez l’enfant, des troubles oppositionnels et des conduites, avec parfois de la provocation (le fameux TOP : « Trouble Oppositionnel avec Provocation »). On peut aussi retrouver une certaine opposition chez l’adulte, mais pas toujours.
- des troubles des apprentissages qui impactent la vie entière du sujet.
- des troubles anxieux :
- chez les adultes atteints de TDAH, les troubles anxieux varient de 27,9 % à 47,1 % (Kessler et al., 2005)
- des troubles dépressifs :
- chez les adultes atteints de TDAH, le taux de dépression est d’environ 31 %, contre 17% dans la population générale. (Kessler et al.,2006)
- des troubles de l’humeur comme par exemple la cyclothymie.
- des troubles « psychiatriques » comme les troubles bipolaires : 20 à 30% des adultes atteints de TDA/H souffrent de troubles bipolaires
- Le TDA/H peut également être associé à d’autres troubles neurodéveloppementaux, comme par exemple un Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA)
- La présence d’un TDA/H constitue un facteur de risque pour l’abus et la dépendance aux substances psychoactives : par exemple, la consommation de cannabis ou d’alcool, parce que des personnes tentent de s’échapper de leur anxiété et de se sentir mieux au travers de ces consommations.
- La présence d’un TDA/H impacte généralement toutes les dimensions de la vie d’une personne : son développement, sa scolarité et ses études, sa vie professionnelle, et ses relations sociales et familiales, souvent avec des conséquences psychologiques négatives importantes (trouble de l’humeur, faible estime de soi, manque de confiance en ses capacités, dépression, conflits relationnels).
Comment se fait le diagnostic de TDA/H ?
- Le TDA/H est un trouble un peu délicat à appréhender, parce qu’il faut avoir des connaissances sur ce qu’il génère chez une personne pour faire le rapprochement. Il faut également connaître les autres pathologies qui peuvent compliquer le diagnostic.
- Le diagnostic du TDA/H est « clinique« , c’est-à-dire qu’il peut être fait à partir de l’observation des symptômes par le professionnel (psychologue clinicien, neuropsychologue, ou psychiatre), puis en posant un certain nombre de questions standardisées et que l’on trouve dans certains tests spécifiques.
- Toutefois, et c’est une erreur communément répandue, il n’y a pas besoin de faire un bilan neuropsychologique long et compliqué pour l’obtenir :
- Les 6 questions du questionnaire ASRS 1.1 (fourni par l’OMS) suffisent pour un dépistage du trouble !!
- En complément, le questionnaire DIVA 2 est un outil intéressant, parce qu’il est très complet, donne des exemples, et parce qu’il constitue aussi un outil de psycho-éducation pour la personne qui le passe.
- On complète toujours le diagnostic par le point de vue de l’entourage du patient, pour avoir des éléments sur les manifestations du TDA/H pendant la jeunesse du patient.
Pour aller plus loin dans la compréhension du TDA/H
- Vous trouverez sur ce site quelques articles essentiels pour comprendre le TDA/H :
- Une clé de compréhension : le zoom attentionnel de l’humain
- Le verrou dopaminergique : la clé de la manifestation du TDA/H
- Le méthylphénidate : une possibilité de traitement
- Les stratégies thérapeutiques possibles face au TDA/H
Ecriture : 13 décembre 2020 – Dernière Mise à jour : 7 novembre 2022